Gestion des émotions: le secret pour une santé optimale?

Vous reculez de quelques pas, votre cœur bat toujours fort et votre souffle est court. Vous étiez sur le point de traverser la rue quand soudain, une voiture a frôlé le passage piéton. La peur, cette émotion primitive, vous a paralysé et vous a empêché d’avancer. Tout comme la colère, la joie ou la tristesse, ces émotions fondamentales sont ancrées dans notre histoire évolutive, car elles visent avant tout à assurer la survie de l’espèce. Elles se déclenchent rapidement en réponse à un stimulus, qu’il soit interne ou externe, provoquant une réaction physiologique via le système nerveux autonome (libération d’adrénaline, accélération du rythme cardiaque, piloérection) et une réponse comportementale par le système nerveux volontaire (fuir un danger ou combattre). Une fois le stimulus disparu, l’émotion s’estompe.

Dans la majorité des cas, nous arrivons à contrôler nos émotions, c’est-à-dire à influencer quand et comment nous les ressentons et les exprimons. Ce processus, à la fois conscient et inconscient, est crucial pour maintenir de bonnes relations sociales.

La persistance des émotions

Les émotions ont tendance à apparaître et disparaître rapidement. «Si une émotion persiste, cela peut devenir problématique», prévient Nader Perroud, médecin adjoint à la tête de l’Unité du trouble de la régulation émotionnelle aux Hôpitaux universitaires de Genève (HUG). Par exemple, ressentir de la tristesse jour après jour peut mener à une dépression.

La dérégulation émotionnelle est un autre problème qui peut se manifester par une hypersensibilité aux stimuli, des émotions plus intenses et fréquentes, et un retour à l’équilibre très lent. Cette dérégulation peut entraîner des réactions disproportionnées, telles que des accès de violence, des achats impulsifs, une consommation excessive d’alcool ou des crises de boulimie. Ces comportements peuvent avoir des conséquences nocives, tant pour la personne concernée que pour son entourage. Le trouble de la personnalité borderline est l’un des troubles les plus connus liés à cette dérégulation. Les personnes affectées tendent à cacher leurs émotions jusqu’à ce qu’elles explosent. L’insomnie peut également favoriser la dérégulation, provoquant de l’irritabilité et affectant la gestion de certaines émotions, notamment la colère. À long terme, la dérégulation émotionnelle peut avoir des effets néfastes sur la santé, incluant des troubles cardiovasculaires.

Techniques pour réguler ses émotions

«Tout le monde peut expérimenter une dérégulation face à une émotion intense», observe Nader Perroud. Par exemple, lors d’un divorce, on peut agir de manière irrationnelle. C’est pourquoi il est souvent conseillé de faire appel à un avocat pour mettre de la distance. Un des conseils clés pour mieux gérer ses émotions est de s’éloigner du stimulus. Si une dispute éclate par SMS et que l’autre personne cesse de répondre, il est inutile de continuer à envoyer des messages. Cela ne ferait qu’aggraver la situation et pourrait mener à des regrets. Il est préférable de se distraire avec une autre activité pour se calmer et détourner son attention du stimulus.

La méditation de pleine conscience est une autre méthode efficace pour prévenir la dérégulation, en réduisant notre sensibilité aux stimuli, elle diminue l’intensité des émotions futures, explique le spécialiste. La mentalisation, inspirée des thérapies pour le trouble de la personnalité borderline, est également utile. Elle consiste à réfléchir aux états mentaux d’autrui ou de soi-même pour mieux comprendre les comportements et éviter des réactions hâtives. Par exemple, si un ami se tait soudainement, au lieu de supposer qu’il est fâché, on peut envisager qu’il est peut-être déçu ou fatigué, ce qui influence notre propre réaction émotionnelle.

Être attentif aux émotions des autres et aux nôtres nous aide à mieux comprendre et gérer nos états émotionnels, surtout lorsque nos relations sont intenses et susceptibles de déclencher des réactions émotionnelles fortes.