Découverte révolutionnaire : l’activité physique, meilleur que les médicaments!

Est-ce vraiment sérieux de prescrire de l’exercice physique ? Absolument, et c’est maintenant une pratique courante pour de nombreux médecins. Pourquoi ? « Son efficacité est bien établie, tant pour la prévention que pour le traitement des maladies », explique le Pr Jacques Cornuz, directeur général d’Unisanté, Centre universitaire de médecine générale et de santé publique à Lausanne. Il précise : « Face à un taux de cholestérol élevé ou à de l’hypertension, il est crucial de prioriser l’amélioration du mode de vie, notamment par l’exercice physique, avant de penser à la médication. »

Le but n’est pas de viser trop haut ou de se limiter à parler de sport. Les spécialistes définissent l’activité physique comme « tout mouvement corporel qui implique une contraction musculaire et qui augmente la dépense énergétique au-delà du repos ». « L’essentiel est de se mobiliser le plus souvent possible », conseille le Pr Cornuz. « Et il n’est jamais trop tard pour commencer : les bénéfices sont particulièrement remarquables quand on reprend l’activité après une période d’inactivité. »

Les directives internationales sont claires : il est recommandé de pratiquer au moins deux heures et demie d’activité physique modérée par semaine (comme une marche rapide qui provoque un léger essoufflement et une augmentation du rythme cardiaque) ou au moins une heure et quart d’activité intense (comme le jogging ou le tennis), idéalement réparties en plusieurs sessions hebdomadaires.

Quels sont les avantages d’un tel engagement ? Ils sont nombreux et incluent des effets positifs contre l’ostéoporose, l’obésité, les douleurs dorsales, l’hypertension, le cholestérol élevé, le diabète, certains types de cancer, la récupération après un événement cardiovasculaire, l’espérance de vie et potentiellement contre la démence et la maladie d’Alzheimer.

Un impact considérable

« Bien que de nombreux mécanismes restent à découvrir, l’activité physique est indubitablement le facteur le plus influent pour améliorer les capacités cognitives et prévenir leur déclin », affirme le Pr Giovanni Frisoni, directeur du Centre de la mémoire des Hôpitaux universitaires de Genève (HUG). « Elle contribue également à protéger contre la maladie d’Alzheimer en fortifiant le cerveau. On observe que la maladie se manifeste bien plus tardivement chez les individus actifs. » Le régime idéal pour le cerveau ? « Toute activité qui augmente la fréquence cardiaque, comme la natation ou le vélo, pratiquée durant au moins 45 minutes, deux ou trois fois par semaine », recommande le spécialiste.

Les bénéfices psychologiques sont tout aussi tangibles, notamment contre la dépression. « L’exercice physique est essentiel pour combattre la sédentarité, le surpoids, la perte d’énergie et de motivation, qui accompagnent souvent la dépression. Ces effets secondaires nuisent non seulement à la vie sociale et à l’estime de soi, mais affectent également la santé de manière générale », explique le Dr Othman Sentissi, médecin adjoint au Département de santé mentale et de psychiatrie des HUG, à l’origine du programme 4F (Feel, Fit, Food & Fun) pour les jeunes adultes souffrant de troubles psychiques. « En effet, en raison d’un mode de vie souvent précaire, une personne dépressive est bien plus susceptible de mourir d’une maladie cardiovasculaire que de la dépression elle-même », met en garde le spécialiste.

Ces effets bénéfiques s’expliquent par de nombreux processus, certains encore mystérieux. « On a longtemps pensé que les tissus musculaires et adipeux ne servaient qu’à répondre aux besoins du cerveau et du corps. Mais ce n’est pas le cas », révèle le Pr Bengt Kayser, directeur de l’Institut des sciences du sport de l’Université de Lausanne. « On sait maintenant que la graisse et les muscles sont des organes endocriniens, capables de libérer de nombreuses molécules qui agissent ailleurs dans l’organisme, à condition d’être stimulés par l’activité physique. »

Les initiatives se multiplient

Selon l’Office fédéral de la statistique, trois quarts des Suisses pratiquent une activité physique suffisante. Mais cette statistique cache des disparités importantes liées au sexe, à l’âge, à la nationalité, au niveau d’éducation et au lieu de résidence. Deux obstacles majeurs persistent : la facilité de la vie moderne qui encourage la sédentarité et la paresse, qui serait génétiquement programmée. « Pendant des millénaires, les humains ont appris à conserver leur énergie pour les tâches essentielles à la survie et à la recherche de nourriture », explique le Pr Kayser. « Ainsi, éviter tout effort non essentiel semble être une tendance naturelle. »

Face à cela, de nombreuses campagnes et initiatives voient le jour. De l’Office fédéral de la santé publique aux municipalités et cantons, en passant par les hôpitaux universitaires et diverses structures privées, les objectifs convergent : changer les mentalités, transformer les villes et les soins médicaux pour intégrer l’activité physique dans la vie quotidienne de tous. La question du remboursement spécifique reste épineuse, car l’inactivité physique n’est pas reconnue comme telle par la LAMal. « Cela rappelle la lutte contre le tabagisme il y a quelques années », note le Pr Cornuz. « Aujourd’hui, les traitements pour l’arrêt du tabac sont remboursés, ce qui n’a pas toujours été le cas. À nous maintenant de lancer de grands projets. Promouvoir l’activité physique n’est pas seulement un hymne à une médecine triomphante, mais à une médecine humble et tout aussi efficace. »

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