Charge mentale extrême: comment notre cerveau fatigue notre corps!

Gérer une multitude de tâches, constamment. Entre le travail, les obligations domestiques, les rendez-vous médicaux pour les enfants, les préparatifs de vacances, ou encore les présentations à préparer pour le lendemain, nos journées sont chargées. Ces responsabilités sont exacerbées par les notifications incessantes de nos téléphones et les nombreuses sollicitations via divers canaux de communication. Ces éléments contribuent tous à accroître notre charge mentale. Bien que ce concept soit utilisé depuis longtemps en sociologie du travail pour décrire l’accumulation de tâches personnelles et professionnelles, surtout chez les femmes, la bande dessinée Fallait demander! de l’artiste Emma a intensifié le débat sur la répartition des tâches ménagères au sein des foyers.

Récemment, une recherche britannique effectuée auprès de 6’025 femmes actives a révélé que celles qui jonglent entre leur carrière et l’éducation de deux enfants sont jusqu’à 40% plus susceptibles de subir du stress que celles sans enfants. Pour parvenir à cette conclusion, les chercheurs ont analysé onze indicateurs biologiques affectant notamment le système immunitaire et cardiovasculaire, tels que la pression artérielle et la fréquence cardiaque.

Devrions-nous nous préoccuper de notre santé physique et mentale face à ces constatations? Est-ce un problème qui concerne uniquement les femmes? «C’est avant tout un problème humain, intrinsèquement lié à notre époque», explique Jean-Dominique Michel, socio-anthropologue et secrétaire général de Pro Mente Sana. Il ajoute que bien que le cerveau humain ait évolué au fil des siècles, il n’est pas adapté à la surcharge d’informations actuelle. Un des problèmes majeurs réside dans les capacités limitées de notre mémoire de travail, essentielle à nos performances neurologiques mais incapable de gérer plusieurs tâches simultanément.

Un stress palpable

«La multitude d’informations et de demandes qui nous bombardent quotidiennement peut mener à une charge mentale oppressante et causer un stress tangible», continue Jean-Dominique Michel. Selon lui, notre cerveau, capable de créer des scénarios fictifs, active constamment notre système de stress, souvent de manière exagérée par rapport aux menaces réelles. Cela peut mener à un épuisement profond.

Cependant, stress et charge mentale ne sont pas systématiquement liés, selon le Dr Patrick Gomez, chef de recherche au Département Santé au travail et environnement à Unisanté. Il souligne que l’équilibre entre nos ressources personnelles et les demandes externes est crucial. Une perception de déséquilibre peut entraîner un stress chronique, exacerbé par notre tendance à ressasser ou anticiper des problèmes.

À quel point devons-nous être vigilants? Bien que rarement identifiée comme telle lors des consultations, la charge mentale peut se manifester par de la fatigue, des maux de tête, des insomnies ou des accès de colère, qui sont autant de signaux d’alerte. Le Dr Gomez note que le stress chronique peut affecter notre système cardiaque et augmenter le risque de dépression. Toutefois, il est possible d’atténuer ces effets en gérant mieux nos émotions, offrant ainsi une manière efficace de prendre du recul par rapport aux situations stressantes du quotidien et à leur impact sur notre santé.

______

** Sociology, 28 février 2019.