Introduite en Suisse en 2012, la cigarette électronique, ou vapoteuse, offrait à première vue de nombreux avantages par rapport à la cigarette traditionnelle. Finis les goudrons, nitrosamines, hydrocarbures, aldéhydes et monoxyde de carbone. En somme, fini l’ensemble de substances carcinogènes inhalées par les fumeurs à chaque bouffée. La vapoteuse permettait aux dépendants de la nicotine de satisfaire leur besoin sans absorber ces substances nocives, tout en conservant le geste élégant du fumeur satisfait.
Cependant, la situation a changé. Les États-Unis ont déclenché une alerte concernant une épidémie de pneumonie lipidique associée au vapotage, ayant entraîné plusieurs décès. « Il s’agit d’une affection extrêmement rare, précise Jacques Cornuz, directeur d’Unisanté, Centre universitaire de médecine générale et santé publique à Lausanne. En effet, notre système pulmonaire n’est pas conçu pour accueillir des composés lipidiques. Les cas documentés résultent généralement d’une inhalation accidentelle de substances huileuses (laxatifs, gouttes nasales). » En Suisse, un cas similaire à ceux signalés aux États-Unis a été rapporté : une femme d’une quarantaine d’années, grande utilisatrice de e-cigarette et asthmatique, admise en janvier à l’hôpital de Winterthur. Elle présentait des symptômes tels que toux, douleur thoracique, difficultés respiratoires, mais aussi une grande fatigue et des troubles digestifs (diarrhées et vomissements).
Sommaire
Produits huileux à base de cannabis
Comment les vapoteurs ont-ils pu se retrouver avec de l’huile dans leurs poumons ? Les victimes auraient inhalé, volontairement ou par accident, des produits huileux contenant du cannabis. Autrement dit, les problèmes ne sont pas survenus avec l’utilisation normale de leur vapoteuse et des liquides adaptés (principalement composés de glycol et de glycérine), mais bien en y ajoutant des substances inappropriées pour ce dispositif électronique.
Cependant, les huiles ne sont pas les seules responsables. « Selon les dernières informations, les cas les plus graves et les décès aux États-Unis seraient dus à une pneumonie toxique généralisée qui détruit les poumons, indique Jean-Paul Humair, directeur du CIPRET-Genève et médecin adjoint aux HUG. On pense que cela pourrait être causé par des produits toxiques liés au cannabis, comme un pesticide, un conservateur, une huile ou un produit d’extraction du THC. Pour l’instant, ce ne sont que des suppositions. » Il est important de rappeler que dans une vapoteuse, les substances ne sont pas brûlées mais chauffées à basse température, ce qui pourrait expliquer pourquoi certains composants du cannabis restent dangereux en vapotage, mais pas en fumée.
Sur le plan pulmonaire, les toxines inhalées provoquent une inflammation des alvéoles, épaississant leurs parois et entravant ou empêchant les échanges d’oxygène et de CO2. Dans les cas moins graves, le patient reçoit de l’oxygène tandis que dans les cas sévères, une assistance respiratoire est nécessaire. Jean-Paul Humair met en garde : « Sans intervention rapide et adéquate, la respiration peut s’arrêter et le patient peut décéder. »
5 millions de décès annuels dus au tabac dans le monde
Faut-il s’inquiéter à chaque utilisation de sa vapoteuse, même si elle est remplie avec un liquide commercialisé ? Le directeur du CIPRET nuance : « Les recherches sur la vapoteuse sont récentes et nous manquons encore de données sur ses effets à long terme. Dans les études menées sur un an, les vapoteurs toussent moins que les fumeurs. Aux États-Unis, l’épidémie actuelle de pneumonie toxique liée au vapotage concerne 1080 cas et 18 décès, avec 80% des cas impliquant des produits à base de cannabis. Cela reste minime comparé aux 5 millions de morts annuelles dues au tabac dans le monde. » Il rappelle également que la cigarette classique est responsable de nombreuses maladies et reste la première cause de mortalité prématurée dans les pays développés, avec un fumeur sur deux risquant de mourir d’une maladie liée au tabac.
Surveillance sanitaire
La cigarette électronique n’est cependant pas sans risques. L’European respiratory society a une position très claire sur le sujet, rapportée dans une publication de 2018 : oui, la vapoteuse contient des produits chimiques potentiellement toxiques, bien qu’en quantités et concentrations inférieures à celles des cigarettes conventionnelles. Néanmoins, l’épidémie américaine ne doit pas être prise à la légère. « La communauté médicale attend avec impatience le rapport final des États-Unis pour connaître les causes exactes des décès, indique Jacques Cornuz. Avec des collègues romands, nous envisageons de mettre en place un système de surveillance pour suivre les maladies que pourraient développer les vapoteurs. Ce système pourrait fonctionner comme une veille sanitaire en collaboration avec les médecins et les centres d’urgence, similaires à ceux utilisés pour les maladies infectieuses. » Et il ajoute qu’il existe autant de manières de vapoter qu’il y a de vapoteurs, rendant difficile l’obtention de données scientifiques reproductibles.
Vapoter pour cesser de fumer
L’e-cigarette et les liquides qui lui sont destinés sont régis par le droit alimentaire et considérés comme des objets usuels. Les vapoteuses ne sont donc pas soumises aux mêmes restrictions que les cigarettes. Jean-Paul Humair plaide pour une réglementation plus stricte du vapotage, avec un contrôle de qualité des produits vendus, une interdiction de la publicité, une taxation des produits de vapotage et un âge légal de vente fixé à 18 ans.
Plus d’infos: addictionsuisse.ch
Conseils pour arrêter de fumer: carrefouraddictions.ch
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