Le cancer du poumon est notoirement le plus mortel des cancers. D’après les statistiques de la Ligue contre le cancer, il cause la mort de plus de 3000 personnes chaque année en Suisse, surpassant ainsi le cancer de la prostate et le cancer du sein, qui bien que plus fréquents, présentent des taux de survie plus élevés. Le cancer du poumon est généralement détecté à un stade avancé, diminuant significativement les chances de survie des patients.
Dans plus de 80% des cas, le tabac est le principal coupable du cancer du poumon. Malgré cela, il n’existe pas de recommandation pour un dépistage régulier chez les fumeurs. À moins que le patient ne manifeste des symptômes spécifiques comme une douleur thoracique ou une perte de poids, le médecin ne prescrira un scanner que sur demande. Ce type de scanner, appelé tomodensitométrie ou CT scan, utilise des rayons X et un ordinateur pour créer des images en coupes du poumon, permettant de détecter des différences de densité des tissus et d’identifier d’éventuelles anomalies, telles que des cancers ou des infections. « Nous trouvons souvent de petits nodules pulmonaires qui ne sont probablement pas dangereux, mais que nous devons surveiller pendant deux à trois ans », explique Dre Lise Lücker, pneumologue à l’Hôpital de La Tour à Meyrin. « Cela engendre non seulement une exposition aux rayonnements, mais aussi beaucoup de stress et d’anxiété pour les patients », ajoute-t-elle. Ainsi, les bénéfices d’un dépistage systématique n’avaient pas été clairement démontrés jusqu’à présent.
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Nouvelles orientations
Toutefois, les résultats de l’étude NELSON, récemment publiés, pourraient renverser cette tendance. Réalisée dans le nord de l’Europe, elle montre que des dépistages ciblés pourraient nettement améliorer les taux de guérison du cancer du poumon. L’étude propose un dépistage pour tous les fumeurs de plus de 50 ans, consommant plus de 10 cigarettes par jour depuis 30 ans (ou 15 cigarettes par jour pendant 25 ans). Pour cette population spécifique, un cancer est détecté pour 100 scans réalisés.
Le but est de diagnostiquer les tumeurs le plus tôt possible. Lorsqu’elles sont découvertes à un stade précoce, elles sont souvent opérables, parfois sans nécessité de suivre une chimiothérapie ultérieure. Le pronostic de survie s’améliore donc considérablement. À l’heure actuelle, seulement 15 à 25% des tumeurs sont opérables lors de leur découverte, mais avec les recommandations de l’étude NELSON, ce chiffre pourrait atteindre 60 à 70%. L’amélioration du taux de survie serait significative, avec une augmentation de 26% chez les hommes et de 39 à 61% chez les femmes, selon les chercheurs.
Réduction des examens inutiles
L’étude NELSON propose aussi de nouveaux critères pour évaluer les anomalies détectées lors des scans. Des modèles d’évaluation américains, jugés trop larges par les spécialistes, étaient utilisés jusqu’à présent. « Lorsqu’une anomalie est détectée, nous devons décider si des examens supplémentaires sont nécessaires », précise le Pr Laurent Nicod, chef du service de pneumologie au CHUV. « Avec les anciens critères, beaucoup d’investigations étaient menées, mais seulement 7% de ces lésions évoluaient en cancer ». Grâce à des critères plus stricts, l’étude NELSON permet de mieux cibler les lésions problématiques. « Jusqu’à récemment, nous surveillions tous les nodules de quatre millimètres et plus. Avec ces nouveaux résultats, nous devrions plutôt nous concentrer sur le volume des lésions et sur ceux dont le temps de doublement en nombre de cellules est court », explique le Pr Nicod.
Évaluation des coûts et des avantages
Dans toute question de santé publique, le coût financier est également un facteur important. « Il est crucial de réaliser une analyse coûts-bénéfices pour adapter les recommandations en Suisse », souligne le Pr Nicod. Si ces nouvelles recommandations sont mises en œuvre, un seul scanner ne suffira pas ; des examens répétés seront nécessaires. « Mais il est important de noter que certaines thérapies actuelles, comme les immunothérapies, sont très coûteuses. Si nous pouvons diagnostiquer plus tôt et traiter juste avec la chirurgie, cela pourrait éviter des coûts supplémentaires ». Selon l’étude NELSON, le nombre de patients pouvant être traités uniquement par chirurgie pourrait tripler. Cependant, convaincre l’ensemble du système de santé reste un défi. « Nous devons déterminer les intervalles de contrôle et négocier avec les assurances pour la prise en charge des examens », conclut Dre Lücker.
Quelles que soient les évolutions futures des pratiques de dépistage, la prévention reste essentielle. L’arrêt du tabac est la meilleure manière de réduire drastiquement les cas de cancer du poumon.
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