Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), on recense chaque année 87 millions de nouveaux cas de gonorrhée dans le monde. Les pays occidentaux, y compris la Suisse, ne sont pas épargnés. « Nous observons une augmentation des cas de cette infection depuis plus de quinze ans en Suisse, due en partie à des comportements sexuels à risques plus fréquents », note le Dr Frank Bally, responsable du Service des maladies infectieuses de l’Institut central des hôpitaux de Sion. Si les campagnes de sensibilisation contre le VIH ont eu des effets positifs, elles ont aussi conduit certaines populations à se sentir moins vulnérables. « Bien que la peur du VIH ait diminué, il ne faut pas négliger le risque d’autres infections sexuellement transmissibles, dont la gonorrhée fait partie », ajoute-t-il.
La gonorrhée, également connue sous le nom de blennorragie, est une maladie ancienne, dont l’agent bactérien a été identifié vers la fin du 19e siècle. Le gonocoque infecte les muqueuses génitales et se transmet par contact sexuel, qu’il soit génital, rectal, génito-buccal ou oro-anal. Les symptômes peuvent inclure, chez l’homme, des écoulements purulents et des douleurs aiguës lors de la miction, ce qui lui vaut le surnom de « chaude-pisse ». Chez la femme, elle peut causer des douleurs pelviennes, des pertes vaginales anormales ou des douleurs lors des rapports sexuels. « Souvent, l’infection est silencieuse, c’est-à-dire qu’elle est peu ou pas symptomatique, surtout chez les femmes, mais aussi chez les hommes, ce qui retarde le diagnostic et le traitement », explique le Dr Bally.
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Des complications potentiellement sévères
La gonorrhée peut s’installer discrètement et entraîner des complications graves à long terme, comme des problèmes de stérilité tubaire chez les femmes, si elle n’est pas traitée à temps. Elle peut également augmenter le risque de grossesses extra-utérines, de fausses couches et d’infections post-partum, y compris une infection des conjonctives chez le nouveau-né.
Alors, comment se protéger contre cette maladie? Selon le spécialiste, il est essentiel de se protéger lors de relations sexuelles (y compris orales et anales) avec un nouveau partenaire. « Une fois la relation établie, il est conseillé de réaliser un dépistage des IST pour les deux partenaires avant de renoncer à l’utilisation de protections. » En cas d’infection, un traitement combinant deux antibiotiques, la ceftriaxone et l’azithromycine, est généralement prescrit au patient et à ses partenaires récents pour minimiser les risques de propagation ou de réinfection.
Une superbactérie de plus en plus résistante
La progression de la résistance du gonocoque aux traitements est également alarmante. « C’est une bactérie très astucieuse », commente la Dre Emilie Alirol, responsable du projet MST au Global Antibiotic Research and Development Partnership (GARDP), qui collabore avec la biotech américaine Entasis Therapeutics pour mettre au point un nouvel antibiotique très prometteur. « Actuellement, dès que la résistance atteint 5% dans une population, il est recommandé de changer d’antibiotique. Le problème, c’est que les options se raréfient et la résistance se développe plus vite que la recherche scientifique. »
Ainsi, les cas de gonorrhée résistante sont susceptibles de se multiplier dans le futur. Face à ce défi, l’OMS a placé le gonocoque dans la liste des pathogènes prioritaires, encourageant ainsi la recherche et l’industrie pharmaceutique à se concentrer sur cette problématique. « Il y a un besoin urgent en santé publique de trouver rapidement de nouvelles solutions, car lorsque des cas de résistance extrême commencent à apparaître – comme ce fut récemment le cas en Europe – il ne faut que quelques années avant que les souches résistantes ne se propagent mondialement », conclut la Dre Alirol.
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