Orthodontie pour adultes : découvrez pourquoi ils franchissent le pas !

« Sourires métalliques », « bouches bardées de fer » : ces expressions vous évoquent probablement les moqueries entendues pendant les récréations à l’école envers ceux qui portaient des appareils dentaires, à la différence de vous. Pourtant, des décennies plus tard, c’est à votre tour de considérer une visite chez l’orthodontiste ! Les informations glanées en ligne vous ont probablement rassuré : de plus en plus d’adultes se lancent dans un traitement orthodontique et en discutent librement sur leurs blogs ou chaînes YouTube. Le fait de se faire redresser les dents devient-il si courant qu’il s’agit désormais d’une étape essentielle pour bien vieillir ?

Pas de limite d’âge

Anne, 60 ans, a achevé son traitement orthodontique après presque cinq ans avec des bagues, alors que son plan initial n’en prévoyait que 18 mois. « Un os dentaire particulièrement résistant », explique-t-elle sur son blog intitulé « Orthodontie à 54 ans ». C’est elle qui a choisi de mettre fin au traitement, satisfaite des résultats : « Mon orthodontiste n’avait jamais vu ça en vingt ans de pratique », s’amuse-t-elle. Généralement, un traitement dure entre 18 et 24 mois, mais cela varie significativement d’un patient à l’autre.

La décision d’Anne a mûri pendant de nombreuses années. Ses « dents de lapin » ne l’avaient jamais vraiment dérangée, même si elle évitait souvent les photos. C’est à la quarantaine, entre l’éducation de ses deux enfants et d’autres priorités, qu’elle a commencé à y penser sérieusement. Quinze ans plus tard, quelques semaines ont suffi pour qu’elle se décide, motivée par l’idée de ne pas manquer de se faire photographier avec ses futurs petits-enfants. « Le traitement a été long, mais mes dents ont rapidement commencé à bouger ; j’ai alors recommencé à me faire photographier. Ma vie a changé ! »

Il n’est donc jamais trop tard pour obtenir un sourire parfait ? « Absolument, on peut commencer un traitement à tout âge », affirme le Dr Daniel Poncin, spécialiste en orthodontie. Cependant, il est clair que si des dommages importants sont déjà présents, il n’est pas toujours possible de les réparer complètement. Le but est souvent de prévenir l’aggravation de la situation.

Il est préférable de consulter dès les premiers signes d’un problème. Si l’orthodontie nécessite au moins quatre années de spécialisation après les études de dentisterie, le dentiste généraliste est souvent le premier à détecter le besoin d’un traitement orthodontique. Cependant, beaucoup de personnes en Suisse ne consultent pas régulièrement un dentiste. « Certains découvrent eux-mêmes des irrégularités dans l’alignement de leurs dents, ce qui les amène à consulter », note le Professeur Stavros Kiliaridis, responsable de la division orthodontique à la Clinique universitaire de médecine dentaire (CUMD) de Genève. Parfois, ces déplacements dentaires sont liés à des problèmes sous-jacents, comme une parodontite, une inflammation des gencives qui peut entraîner la perte de tissu de soutien des dents.

Une fonctionnalité avant tout

Les adultes qui commencent un traitement orthodontique appartiennent généralement à l’une des quatre catégories suivantes : ceux qui avaient un problème d’occlusion dans leur jeunesse mais qui n’ont jamais été traités; ceux qui présentent un décalage squelettique qui ne pouvait être corrigé avant la fin de leur croissance et pour lesquels une intervention chirurgicale est souvent nécessaire; ceux qui n’avaient pas de problème particulier jusqu’à ce que le temps commence à affecter leur dentition, avec ou sans maladie parodontale; et enfin, ceux qui n’ont pas immédiatement remplacé une dent extraite et qui découvrent plus tard que les dents restantes ont bougé, empêchant la mise en place d’une prothèse fonctionnelle.

« Les raisons de suivre un traitement orthodontique sont nombreuses, et établir un diagnostic précis est crucial pour fournir le meilleur soin possible », insiste le Professeur Kiliaridis. Un mauvais alignement ou un problème d’occlusion peut avoir différentes causes, et traiter seulement le symptôme sans comprendre la cause peut conduire à un résultat suboptimal et accroître les risques pour le patient. L’objectif principal de l’orthodontie est de restaurer une fonctionnalité dentaire optimale, une bonne occlusion qui aidera à maintenir la santé des dents et de leur soutien – gencives et os – tout au long de la vie. Comme tout traitement, l’orthodontie comporte des risques que le praticien doit expliquer à son patient lors de la présentation des options de traitement.

Un marketing agressif

En matière de marketing, les grandes entreprises du secteur ne font pas dans la demi-mesure. L’une d’elles prétend ainsi qu’« un sourire peut apporter plus de confiance, d’estime de soi et de bonheur ». « Les appareils fixes et les aligneurs transparents ne peuvent tout simplement pas rivaliser », peut-on lire sur leur site, bien qu’aucune référence scientifique ne soit citée. « Ces dispositifs peuvent aligner les dents, c’est indéniable. Mais qu’en est-il de la position fonctionnelle des dents et de leur stabilité ? », s’interroge Stavros Kiliaridis. De plus, les appareils amovibles et les gouttières ne sont pas nouveaux, et les études menées sur ces dispositifs ont montré un taux de récidive plus élevé. Quelle que soit la technique utilisée pour obtenir un bel alignement et une bonne occlusion, le traitement ne s’arrête pas avec la simple removal des bagues ou des gouttières. Un dispositif de contention est souvent nécessaire pour maintenir le résultat, que ce soit par la pose d’un fil derrière les dents ou le port d’une gouttière la nuit.

L’orthodontie n’affecte pas seulement le patient, mais également son entourage. Modifier son sourire et son visage peut susciter des inquiétudes, la peur de ne plus être tout à fait soi-même. « Mon mari m’a soutenue à 100 % », se souvient Anne. Mais ses enfants étaient plus réticents : « Ils me disaient ‘Mais nous, on t’a toujours connue comme ça, ça va faire bizarre.’ » Quant au regard des autres, bien que cela puisse décourager de nombreux patients, il s’avère souvent moins problématique une fois l’appareil posé. « J’ai reçu beaucoup de commentaires positifs sur mon Instagram », confirme Charlène, blogueuse de 26 ans. Les seuls vraiment perplexes sont les adolescents, comme le montre ce commentaire qu’elle a reçu : « T’es vieille et t’as des bagues, c’est trop bizarre ! ».

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