La compréhension des facteurs de risque liés à la maladie d’Alzheimer continue de s’élargir. En plus des facteurs génétiques et de l’âge, qui est un élément déterminant puisque environ 15% des personnes de plus de 80 ans en sont atteintes, d’autres facteurs comme les maladies chroniques (hypertension, diabète) ou encore un mode de vie inadéquat et un faible niveau d’éducation contribuent également au risque. À cette liste, les traits de personnalité viennent s’ajouter. Des scientifiques de l’Université de Genève (UNIGE) ont découvert que les personnes qui s’efforcent de répondre aux attentes d’autrui ou qui résistent au changement sont plus à risque de réduction de leur volume cérébral, un phénomène lié à la démence.
Sommaire
Facteurs prédictifs
Il est important de rappeler que la maladie d’Alzheimer est causée par l’accumulation de protéines amyloïdes dans le cerveau, entraînant progressivement la mort des neurones. Ce processus est lent, et selon Panteleimon Giannakopoulos, professeur de psychiatrie à l’UNIGE et médecin-chef, il peut s’écouler entre dix et douze ans entre les premières atteintes neuronales et les premiers symptômes visibles. Ainsi, lorsque la maladie est diagnostiquée, les dommages au cerveau sont souvent déjà importants, et il serait trop tard pour intervenir efficacement même avec un traitement adéquat.
C’est pour cette raison que la recherche s’est récemment orientée vers l’identification de facteurs pouvant prédire le risque de déclin cognitif chez un individu, particulièrement après l’échec de certains essais de vaccins contre l’amyloïde, selon l’expert.
Cela inclut la recherche de marqueurs biologiques pour détecter la maladie à un stade précoce et des facteurs physiologiques tels que les traits de personnalité.
Les chercheurs genevois étudient depuis une dizaine d’années une cohorte de six cents seniors, observant leur vieillissement cérébral sur cinq ans pour quatre-vingt cinq d’entre eux, en utilisant l’imagerie cérébrale. Ils ont également analysé leur état cognitif et leur personnalité à travers des entretiens.
La réduction de certaines zones du cerveau est un indicateur précoce de perte de mémoire et de l’Alzheimer. « Cette atrophie peut être influencée par divers facteurs, y compris l’éducation, le niveau socio-culturel, l’âge et le sexe », explique Panteleimon Giannakopoulos. L’étude prend en compte ces variables pour isoler l’effet spécifique de la personnalité.
Agréabilité
Il ressort de cette recherche que le trait de personnalité offrant la meilleure protection contre l’Alzheimer est une faible « agréabilité ». Selon les psychologues, cela désigne des personnes moins enclines à s’adapter aux autres et à éviter les conflits, souvent non conformistes et innovantes dans leur comportement, précise le professeur de l’UNIGE. Ces personnes auraient donc un risque moindre de développer cette forme de démence comparativement à celles plus conformistes.
« De plus, ces traits de personnalité affectent spécifiquement certaines zones du cerveau plus vulnérables à la démence, telles que l’hippocampe ou le cortex temporal, qui sont cruciaux pour la mémorisation », ajoute Panteleimon Giannakopoulos. Dans ces régions, les chercheurs ont noté une moindre perte de volume cérébral chez les personnes non conformistes et curieuses.
Cerveau «paresseux»
Il n’est pas surprenant que les individus curieux et ouverts d’esprit soient mieux protégés contre le déclin cognitif, car ils tendent à acquérir continuellement de nouvelles connaissances, ce qui maintient leur cerveau actif. Cependant, pourquoi l’agréabilité pourrait-elle favoriser le déclin cognitif ? Selon le médecin des HUG, s’adapter aux autres et suivre le flux peut rendre le cerveau « plus paresseux ». À l’inverse, une personne non conformiste stimule davantage son cerveau, augmentant ainsi sa plasticité cérébrale, soit sa capacité à remodeler ses connexions neuronales, ce qui le protège contre la démence.
Changer de personnalité pour prévenir l’Alzheimer n’est pas l’objectif, précise Panteleimon Giannakopoulos. Toutefois, lorsqu’un traitement sera disponible, il sera crucial d’identifier les personnes les plus à risque le plus tôt possible, et les traits de personnalité, notamment l’agréabilité, devront être pris en compte.
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