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Dénormalisation du tabac : une stratégie préventive
La lutte contre le tabagisme, première cause de mortalité évitable en Suisse, reste un enjeu majeur de santé publique. Actuellement, le tabagisme tue la moitié de ses utilisateurs, et selon les statistiques de 2018 sur les addictions et maladies non transmissibles, 27% des personnes de 15 ans et plus sont fumeurs en Suisse, avec une proportion de 6% chez les jeunes de 11 à 15 ans. L’industrie du tabac, ne cessant d’innover dans ses produits et ses techniques de marketing, cible particulièrement les jeunes, nécessitant une vigilance continue.
Les acteurs de la prévention travaillent à rendre le tabac et ses produits dérivés, tels que les cigarettes électroniques, le tabac chauffé ou à chiquer, moins normatifs. Luc Lebon, en charge de la prévention du tabagisme chez Unisanté à Lausanne, explique que l’objectif est de modifier la perception sociale du tabac pour le rendre moins désirable et accessible. Cette approche a déjà prouvé son efficacité, notamment aux États-Unis et en France, surtout auprès des adolescents, qui sont particulièrement réceptifs aux publicités et susceptibles de développer une addiction à la nicotine.
Stratégies marketing insidieuses
L’industrie du tabac utilise intensivement la publicité et les réseaux sociaux pour attirer de nouveaux utilisateurs. Selon Luc Lebon, cette publicité ciblant les jeunes est subtile et puissante, augmentant significativement le risque de consommation chez ceux qui y sont exposés. Les campagnes publicitaires, souvent accompagnées par des influenceurs, mettent en avant des images positives du tabagisme associées à la jeunesse, à la séduction et à la convivialité, dans le but de normaliser cette pratique. De plus, le placement de produit dans les médias visuels contribue à fausser la perception du nombre de fumeurs et de l’acceptabilité sociale du tabagisme, bien que, comme le souligne Luc Lebon, la majorité des individus ne fument pas.
Un enjeu sociétal
Briser les idées reçues est également au cœur de la dénormalisation. Fumer n’est ni un plaisir ni une liberté, mais une dépendance dont la plupart des fumeurs souhaitent se libérer. De plus, Luc Lebon rappelle que le tabagisme coûte à la société bien plus qu’il ne rapporte, avec des coûts annuels en perte de productivité et en frais médicaux qui pèsent lourdement sur les contribuables suisses. L’opinion publique soutient majoritairement une augmentation des taxes sur le tabac et l’interdiction de sa publicité pour améliorer la santé publique.
Mesures politiques et structurelles
La dénormalisation s’appuie également sur des mesures législatives et structurelles. La loi fédérale suisse contre le tabagisme passif, en vigueur depuis 2010, a établi une nouvelle norme sociale interdisant de fumer dans les espaces publics fermés. Des initiatives similaires pourraient s’étendre aux espaces publics extérieurs. Par ailleurs, l’adoption du paquet neutre en France s’inscrit dans cette stratégie, bien que cette mesure ne soit pas encore appliquée en Suisse, ce que regrette Luc Lebon.
Malgré son potentiel, la dénormalisation en Suisse fait face à l’influence des cigarettiers sur la politique. Le retard dans l’application de la loi sur les produits du tabac et les cigarettes électroniques adoptée en 2021, ainsi que l’initiative « enfants sans tabac », illustrent les défis rencontrés. En attendant, l’absence de législation claire et de contrôles efficaces continue de bénéficier à l’industrie du tabac.
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Pour en savoir plus: https://www.planetesante.ch/anti-tabac/
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