Découvrez les secrets de la médecine narrative : une révolution dans le soin !

Il y a peu, une initiative remarquable a vu le jour aux Hôpitaux universitaires de Genève, visant à inviter des patients affectés par le Covid long à partager leurs expériences. L’objectif? Mieux comprendre et maîtriser leur vécu à travers un projet artistique collectif, qui prendra la forme d’une installation multimédia, combinant sons et images, prévue pour être dévoilée cet automne. Ce type d’approche, focalisé sur les expériences personnelles des patients, est caractéristique de ce que l’on appelle la médecine narrative.

Originaire des États-Unis au début des années 2000, la médecine narrative a progressivement gagné du terrain. Bien que parfois présente de manière informelle dans les consultations, grâce à l’intuition de certains médecins, elle peut également être appliquée de manière plus formelle. « Dès les années 1980, des pionniers comme Jean-Philippe Assal, diabétologue aux HUG, ont mis en place des programmes d’éducation thérapeutique pour les patients, intégrant déjà l’essence de ce qui deviendrait la médecine narrative, » explique Aline Lasserre Moutet, à la tête du Centre hospitalo-universitaire d’éducation thérapeutique du patient. Ces programmes visent principalement les maladies chroniques complexes, telles que le diabète ou l’obésité, pour aider les patients à gérer leurs symptômes, reconnaître leurs forces et donner un sens à leur condition afin de reprendre le contrôle de leur existence.

Une approche à la fois humaine et médicale

« La médecine narrative se fonde sur la capacité du soignant à ‘reconnaître, absorber, interpréter, et être touché par les récits des patients' », indique la Dre Melissa Dominicé Dao, médecin adjointe agrégée au Service de médecine de premier recours des HUG, citant Rita Charon, une pionnière de cette discipline. Cette approche ne se limite pas à l’aspect humain; elle est aussi profondément médicale. « Nous sommes des créatures narratives, » continue la spécialiste. Dans le cadre médical, le récit du patient déclenche un processus diagnostique. Par exemple, un homme de 70 ans, fumeur, souffrant de bronchite chronique, pourrait débuter par décrire ses symptômes, ce qui amène le médecin à traduire son histoire en termes médicaux pour établir un diagnostic et proposer un traitement. La médecine narrative réintroduit ensuite ces éléments dans le contexte de vie du patient, utilisant ses motivations personnelles, comme les promenades avec son chien, pour adapter les recommandations médicales.

Le pouvoir des mots

La médecine narrative, qui valorise l’écoute et la compréhension globale du patient, émerge dans un contexte de progrès technologiques en médecine. « La science, malgré ses avancées, ne détient pas toutes les réponses aux défis de la vie quotidienne d’un patient, » se réjouit la Dre Olivia Braillard, médecin adjointe au même service. Il est crucial de maintenir l’humanité au cœur de la relation soignant-soigné. Les patients, qui vivent au quotidien avec leurs maladies, sont souvent les mieux placés pour en parler. Leur témoignage est essentiel pour adapter les soins à leur situation personnelle. La médecine narrative ne cherche pas à résoudre tous les problèmes de la vie d’un patient, mais à intégrer son vécu dans le processus de soin. L’évolution des pratiques actuelles suggère que cette approche gagnera en importance dans le futur, » conclut-elle.