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La montée en puissance des cigarettes électroniques
Elles sont surnommées les « licornes ». Ces entreprises naissantes, évaluées à des milliards de dollars peu après leur création. JUUL en fait partie. Typique success story d’une start-up, originaire de la Silicon Valley et créée il y a tout juste trois ans, elle a récemment vu Altria (Marlboro) investir dans son capital, atteignant aujourd’hui une valeur de 38 milliards de dollars. Au cœur de ce succès, une e-cigarette au design soigné et compact (plus fine qu’un briquet), offrant une esthétique élégante et colorée. Malgré ses risques potentiels de toxicité et d’addiction, un effort notable a été consacré à son aspect visuel. JUUL se distingue clairement dans le vaste marché des e-cigarettes par son innovation technologique avec un système de « pods » jetables contenant un mélange de sels de nicotine, de glycérol, et d’arômes, ainsi que par un design et des saveurs (baies, pêche, vanille, pomme, crème de cacao…) très attrayants. Alors qu’elle vient d’arriver sur le marché suisse, où environ un adolescent sur trois a déjà expérimenté ou utilise régulièrement des e-cigarettes, JUUL est promise à un succès similaire à celui qu’elle connaît aux États-Unis, où elle détient 72% des parts de marché.
Stratégie marketing efficace
Outre son design raffiné, la renommée de JUUL s’est largement construite grâce aux réseaux sociaux, terrains de prédilection des Millennials en quête de nouveautés. L’utilisation habile des codes de cette génération par la marque américaine a favorisé une viralité significative. Entre les comptes Instagram dédiés, les vidéos de Youtubeurs testant le produit et les invitations à publier des photos en train de « Juuler », la stratégie marketing a rapidement séduit les adolescents. Le bouche-à-oreille et la tendance ont fait le reste.
Malgré le retrait de nombreux posts et l’arrêt de sa communication sur les réseaux sociaux par la marque, l’administration américaine des denrées alimentaires et des médicaments (FDA), alertée par des parents inquiets, a commencé à enquêter sur les pratiques commerciales de JUUL. La société, de son côté, continue de clamer qu’elle ne cible pas les jeunes, affirmant sur la page principale de son site qu’elle vise à offrir une alternative de qualité aux fumeurs adultes à travers le monde, promettant de vérifier l’âge de ses clients.
Cependant, le Dr Jean-Paul Humair, médecin directeur du CIPRET-Genève/Carrefour addictionS et médecin adjoint agrégé du Service de médecine de premier recours des Hôpitaux Universitaires de Genève (HUG), ainsi que Thomas Beutler, collaborateur scientifique de l’Association suisse pour la prévention du tabagisme, restent prudents : il n’est pas certain que les jeunes qui se tournent vers les e-cigarettes auraient opté pour le tabac, ni que ces produits ne les mèneront pas vers le tabagisme classique.
Les cigarettes électroniques sont-elles inoffensives ?
La question de la dangerosité croissante des e-cigarettes parmi les jeunes se pose. « Opter pour la e-cigarette est un choix moins risqué que celui de la cigarette classique, qui tue un consommateur sur deux. Bien qu’elle ne soit pas entièrement saine, il est peu probable qu’elle cause autant de dommages », explique le Dr Humair, suggérant que cela pourrait être un moindre mal si cela détourne les jeunes du tabac traditionnel.
Cependant, la e-cigarette n’est pas totalement sans risque et le danger d’addiction est bien réel. Bien que les études scientifiques indépendantes soient rares, l’un des principaux risques reste la dépendance à la nicotine. « La nicotine des e-cigarettes agit plus lentement que celle des cigarettes traditionnelles, mais le potentiel addictif est réel, surtout avec les vapoteuses JUUL, qui contiennent des sels de nicotine agissant plus rapidement tout en irritant moins la gorge, détaille le spécialiste. La consommation régulière de nicotine chez les jeunes peut avoir des effets négatifs sur le développement cérébral », ce qui est préoccupant.
Absence de législation spécifique en Suisse
Alors que JUUL fait face à des difficultés aux États-Unis, elle débarque sur le marché européen avec prudence (pas de publicité sur les réseaux, réduction de la concentration en nicotine dans ses pods) tout en jouissant d’une certaine liberté en Suisse. « Contrairement aux médicaments, les e-cigarettes et les produits associés ne sont pas vraiment contrôlés avant leur mise sur le marché », révèle Thomas Beutler. Chaque revendeur spécialisé ou site internet peut donc vendre ce qu’il souhaite à qui il veut, car il n’existe pas encore de réglementation nationale encadrant la vente de ces produits aux mineurs. Pour pallier cette lacune, l’Office fédéral de la sécurité alimentaire et des affaires vétérinaires (OSAV) a organisé en juillet 2018 une table ronde avec les acteurs du secteur. Les discussions ont abouti à la signature d’un code de conduite établissant un âge minimal pour la vente et une restriction de la publicité. Un premier pas vers la protection des adolescents, en attendant l’adoption d’une loi sur les produits du tabac prévue pour 2020. D’ici là, JUUL et les autres e-cigarettes ont encore de beaux jours devant elles.
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