Dans notre société qui devient de plus en plus sédentaire, les problèmes de santé liés à ce mode de vie se multiplient. Cette situation affecte également les enfants, dont un nombre croissant souffre de surpoids (environ 16% des jeunes Suisses âgés de 6 à 12 ans). L’adolescence est souvent un moment clé où le désir de bouger diminue significativement. Les transformations pubertaires, la pression scolaire, l’influence des pairs, l’attrait des écrans contribuent à éloigner les jeunes de l’activité physique, ce qui se traduit par une baisse de l’activité physique à mesure qu’ils grandissent.
Des chercheurs de l’Université de Genève ont exploré à quel âge et pour quelles raisons l’intérêt pour l’exercice physique commence à décliner. Ils ont suivi 1200 élèves genevois de 8 à 12 ans sur une période de deux ans pendant leurs cours d’éducation physique. Leur motivation a été évaluée tous les six mois via des questionnaires spécifiques, et leur activité physique a été mesurée avec des accéléromètres pendant les cours de gymnastique. Publiée dans la revue Psychology of Sport and Exercise, l’étude révèle que l’intérêt pour l’activité physique diminue dès l’âge de 9 ans. « C’est la première fois que nous observons un tel déclin à un âge aussi précoce », note Julien Chanal, maître d’enseignement et de recherche à l’Université de Genève. Cela est particulièrement préoccupant puisque les habitudes de vie saines se développent, ou non, pendant l’enfance, notamment en matière d’activité physique.
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Motivations positives et négatives
Qu’est-ce qui cause ce désintérêt pour l’activité physique? « La motivation sportive est un phénomène complexe influencé par de nombreux facteurs », explique le Pr Bengt Kayser, directeur de l’Institut des sciences du sport à l’Université de Lausanne. L’étude genevoise montre une diminution précoce des motivations positives, comme le plaisir de bouger ou de rester en bonne santé. En vieillissant, ces motivations positives sont remplacées par des motivations négatives, comme le désir de bien paraître devant les autres ou d’éviter la culpabilité. « Un enfant motivé uniquement par la reconnaissance de ses performances par l’enseignant ne sera pas incité à pratiquer une activité physique de manière autonome hors de l’école », précise Julien Chanal. En effet, les motivations qui sont liées aux besoins fondamentaux et choisies librement par l’enfant sont celles qui encouragent le maintien d’une activité physique sur le long terme.
Manque de temps actif
Dans une étude précédente, il a été démontré que le temps effectivement consacré à l’activité physique pendant les cours de gymnastique est faible, beaucoup de temps étant alloué aux explications théoriques. Les élèves genevois ne sont actifs que pendant 38% des 135 minutes hebdomadaires programmées pour l’éducation physique. L’école a pourtant un rôle crucial à jouer dans la promotion de l’activité physique, surtout pour les enfants peu actifs en dehors de l’école. « Il est essentiel de prendre en compte les particularités de chaque élève pour favoriser le plaisir et éviter la frustration », commente le Dr Boris Gojanovic, médecin du sport.
Se dépenser pour bien grandir
Il est vital pour les enfants, en pleine croissance, de rester actifs. « Pour se développer de manière optimale, leurs os, leurs muscles et leurs tendons doivent être régulièrement sollicités », affirme le Pr Kayser. L’activité physique favorise également une bonne coordination neuromusculaire et est nécessaire pour maintenir un poids sain. Instaurer de bonnes habitudes est donc crucial tant pour la santé physique que mentale à long terme. « Malheureusement, les jeunes ne sont souvent pas réceptifs aux messages de prévention à long terme. Il est donc important de souligner les bénéfices immédiats de l’activité physique », reconnaît le Dr Gojanovic. Ces avantages incluent un meilleur sommeil, une meilleure humeur et plus d’énergie. Sur le plan cognitif, il a été démontré que les enfants qui font de l’exercice avant les cours améliorent leur concentration et leurs performances cognitives. « L’activité physique stimule le développement de l’hippocampe, une zone du cerveau impliquée dans la mémoire et l’apprentissage », explique le Pr Kayser.
Pour encourager les jeunes à être plus actifs, il est essentiel de repenser la structure des cours d’éducation physique pour maximiser le temps de mouvement. « Structurer le temps parascolaire autour de l’activité physique peut également toucher différentes populations », ajoute Julien Chanal. Selon le Pr Kayser, promouvoir l’activité physique nécessite également une meilleure compréhension des comportements et des facteurs qui influencent ces derniers. C’est l’objectif de l’étude SOPHYA, qui continue d’étudier les habitudes des jeunes Suisses et leur impact sur la santé.
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