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La période de l’adolescence : un tournant majeur
Considérée à tort comme une phase ingrate ou stupide, l’adolescence représente avant tout une étape de transformation et de développement personnel. C’est une époque marquée par une certaine fragilité où les défis rencontrés peuvent mener à des crises potentielles. Avec l’arrivée de la puberté, les adolescents sont confrontés à un corps en mutation. Les caractéristiques sexuelles secondaires émergent et l’adolescent doit s’habituer à une nouvelle image de lui-même, vue par lui et par autrui. Il découvre également la sexualité et les premiers émois amoureux, s’aventurant dans l’exploration de son identité de genre et de ses orientations sexuelles. Une autre question centrale est celle de sa place dans la société, avec les succès et échecs associés. L’adolescent doit apprendre à se questionner sur ces sujets tout en acceptant de ne pas avoir immédiatement toutes les réponses.
De crise en crise
Les interrogations telles que « Qui suis-je ? » ou « Que vais-je devenir ? » peuvent survenir à n’importe quel âge, mais elles prennent souvent une dimension particulièrement critique pendant l’adolescence, se transformant en véritable crise d’identité. Cette période peut également résonner chez les parents et provoquer des crises parallèles, comme la crise de la quarantaine, où les rôles entre parents et adolescents peuvent presque s’inverser. Cependant, il est essentiel de permettre aux adolescents de vivre pleinement cette période de questionnement existentiel. Leur entourage doit être prêt à gérer les perturbations liées à ces questionnements, comme le souligne la Dre Anne Edan, médecin adjointe et responsable de l’Unité de crise MALATAVIE, un partenariat entre les Hôpitaux universitaires de Genève et la fondation Children Action.
Identifier les adolescents en difficulté : un véritable défi
Tous les adolescents traversent des crises, mais l’intensité et la manifestation de ces crises varient grandement d’une personne à l’autre et selon le sexe, ce qui complique la détection de problèmes potentiels. « Tout est relatif », commente la Dre Edan. « On ne peut pas catégoriser les comportements adolescents comme étant symptomatiques d’un problème spécifique. Il faut leur accorder notre confiance. » Consommer de l’alcool ou fumer occasionnellement peut être perçu comme un rite de passage parmi les pairs, mais il est important de rester vigilant si cette consommation est solitaire ou devient fréquente. Il est parfois possible de remarquer des changements de comportement chez les jeunes, comme un désengagement de certaines activités. « Encore une fois, cela peut être tout à fait normal. Si cela préoccupe les parents, ils doivent en parler avec leur adolescent. Il est préférable de communiquer directement plutôt que de fouiller dans son téléphone, ce qui pourrait être perçu comme une violation de son intimité », conseille l’experte.
Maintenir le lien
Les parents jouent un rôle complexe : ils doivent à la fois protéger leur enfant tout en favorisant son autonomie. Bien que l’adolescence soit un moment de détachement vis-à-vis des parents, il est crucial de conserver un lien. Il est recommandé de continuer à proposer des activités à partager avec son enfant, tout en acceptant les refus potentiels. Cela démontre aux adolescents que leurs parents sont présents et capables de gérer leur agressivité occasionnelle.
Dialogue et écoute
Être parent d’un adolescent requiert avant tout d’être à l’écoute et prêt à répondre à ses interrogations, sans précipitation. Par exemple, si un adolescent interroge ses parents sur leur propre expérience avec des substances comme le cannabis, il est judicieux de prendre le temps de réfléchir à ce que l’on souhaite partager. Choisir le bon moment pour discuter des risques associés au sexe, à l’alcool ou aux réseaux sociaux est également crucial. En cas de conflit, il peut être préférable de reporter la discussion. D’autres formes de communication, comme l’écriture (lettres, SMS) ou la médiation (visionner un film ensemble et en discuter), peuvent aussi être envisagées. Quelle que soit la méthode choisie, il est important de continuer à soutenir l’adolescent et de lui rappeler sa valeur, en lui montrant affection et tendresse, même si cela ne semble pas toujours réciproque.
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