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Trois interrogations posées à la Dr Nathalie Farpour Lambert, médecin adjointe agrégée en charge du Programme de soins Contrepoids à l’Hôpital universitaire de Genève (HUG)
10’000 pas par jour, consommation quotidienne de deux fruits et trois légumes, deux heures et demie d’exercice physique modéré par semaine… Comment interpréter ces conseils devenus très répandus?
Dr Nathalie Farpour Lambert : Ces recommandations, lorsqu’elles sont basées sur des données scientifiques solides et émises par des organismes crédibles tels que l’Organisation mondiale de la santé, sont précieuses car elles fournissent des repères clairs dans un environnement où l’information est souvent contradictoire. Elles permettent également de contrer les affirmations parfois trompeuses de l’industrie alimentaire, qui utilise des arguments nutritionnels douteux pour promouvoir des produits nuisibles à la santé. Un exemple flagrant en est certaines céréales pour le petit-déjeuner, promues comme nutritives et énergisantes alors qu’elles sont en réalité saturées de sucres et manquent cruellement de fibres. Ce type de marketing cible souvent les enfants, qui en deviennent les premières victimes.
Est-il réaliste de s’attendre à ce que tout le monde puisse suivre ces recommandations à la lettre?
Effectivement, appliquer ces conseils de manière universelle présente des limites. Chacun étant unique de par son patrimoine génétique et son métabolisme, il est clair que ces « normes » santé ne conviennent pas à tous. L’approche de la médecine personnalisée représente un développement prometteur pour adapter ces normes de manière plus individualisée.
Par ailleurs, il y a un risque que ces recommandations soient perçues comme des injonctions, pouvant stigmatiser les personnes malades ou vulnérables qui ne peuvent pas les suivre à la lettre. Les professionnels de la santé jouent donc un rôle essentiel pour fournir des conseils adaptés et personnalisés, afin de motiver chaque individu selon ses capacités et ses besoins spécifiques.
L’objectif serait d’adopter la règle du « 80-20 » : faire de son mieux 80% du temps et se permettre un peu plus de souplesse les 20% restant. Viser la perfection n’est pas seulement irréaliste, c’est aussi source de frustration et peut s’avérer dangereux. Cependant, « faire de son mieux » n’est pas seulement une question de volonté individuelle ; cela dépend aussi de la société dans laquelle nous vivons. L’environnement, l’organisation du travail, la composition des produits, leur étiquetage et leur marketing jouent tous un rôle crucial. La santé est donc un défi collectif, pas seulement individuel.
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